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Les petites phrases de Guy Drut

Le ministre-hurdler, à moins que ce ne soit le contraire, a enchanté son auditoire lors de sa venue à Reims. Aujourd’hui retraité, le champion olympique 1976 a un avis tranché sur tout.

Et ça décoiffe !


« J’ai toujours eu beaucoup de chance et j’ai fait énormément de belles rencontres. » Il ne le clame pas haut et fort mais s’il devait réécrire le film de sa vie – de ses vies -, Guy Drut ne changerait pas grand-chose.

Athlète de très haut niveau puis homme politique aux responsabilités nationales et internationales, le Ch’ti d’Oignies dans le Pas-de-Calais a donc constamment tutoyé les sommets.

La chance évoquée par ce champion lui a offert trois pères – ces fameuses belles rencontres : Pierre Legrain son père sportif (son découvreur-entraîneur), Raymond Lorre son père spirituel (son mentor, président du Stade Français, créateur du meeting de Paris) et Jacques Chirac son père politique. Sacrée famille !


« Reims, c'est comme les JO, on a envie d’y revenir »


Vice-champion olympique à Munich en 1972 puis champion olympique à Montréal en 1976, député de Seine-et-Marne pendant 19 ans, maire de Coulommiers de 1992 à 2008, ministre de la Jeunesse et des Sports sous Jacques Chirac pendant deux années, membre du CIO (comité international olympique) depuis 1996, Guy Drut possède l’expérience et la mémoire du mammouth qu’il a toujours été.



Et, il ne manque pas une occasion de raviver ses souvenirs quand on l’entraîne sur des sujets qui lui tiennent à cœur. Lors d’un entretien organisé à l’Arena de Reims dans le cadre d’un petit déjeuner du réseau Business et Sport « Le 8/9 d’Adjan », il s’est retourné sur ses carrières.

Il a expliqué que le « mythique maillot rouge aux manches blanches du Stade de Reims » offert par son grand-père, entraîneur de foot de Léon Glowacki dans le Nord, avait déclenché sa maladie d’amour pour Reims. « Reims, c’est comme une cérémonie de clôture des JO. Dès que c’est fini, on a envie d’y revenir le plus vite possible. » Florilège de ces moments forts.


 

« Ma carrière d’athlète, c’était mon patrimoine politique »

« Je suis né à l’Olympisme avec le terrorisme. » Le jeune Drut a 22 ans lors de ses premiers JO. Pour les historiens, Munich 1972 reste marqué par la prise d’otages israêliens et le massacre perpétré par l’organisation palestinienne Septembre noir. « J’aurais compris que les Jeux soient interrompus. » Mais le lendemain de cet horrible acte, les compétitions reprenaient et Guy Drut décrochait l’argent sur 110 m haies.


« J’ai eu l’impression que Casanas se foutait de ma gueule. » « J’ai terminé 3e de ma demi-finale des JO de Montréal derrière le Cubain Casanas et l’Américain Davenport. J’avais le mental très bas et je n’y croyais plus de trop alors que j’avais dominé la saison. Et puis, j’ai revu dans ma tête les gens de ma commune d’Oignies. Je ne pouvais pas les décevoir. Je me suis échauffé pour la finale avec mon ami Willie Davenport. Il m’a dit ‘’tu dois gagner’’. J’ai croisé Casanas et j’ai eu l’impression qu’il se foutait de ma gueule. Tout ça a fait que j’ai récupéré un mental de vainqueur. » Et Guy Drut a décroché l’or en 13’’30 devant Casanas (13’’33) et Davenport (13’’38).



« Quand on devient champion olympique à 25 ans, on prend le melon. » « J’étais un joyeux luron, un peu fêtard. Après mon titre olympique, je suis sorti avec des peoples comme Alain Delon ou Johnny Hallyday. J’ai posé pour des unes comme Paris Match où j’ai la cigarette à la main. Je ne me reconnais pas vraiment… »


« Si je m’attendais à être ministre ? » « Oui, je l’espérais et je n’ai pas été surpris quand Juppé (le premier ministre de Chirac) m’a appelé pour me proposer la Jeunesse et les sports. Je pense qu’un ancien sportif, avec un passé politique, est légitime à ce poste. Ma carrière d’athlète, c’était mon patrimoine politique. Mais, cela a suscité de la jalousie chez certains. »


« J’ai eu la chance de faire de belles rencontres. » « Parmi celles-ci, il y a eu Jacques Chirac qui était premier ministre en 1974. A cette époque, on considérait que les sportifs ne devaient pas faire autre chose que du sport. » La suspension de Guy Drut pour fait de professionnalisme (une participation rétribuée à un meeting) lui a peut-être ouvert de nouveaux horizons. « Quand j’ai recouru, je me faisais insulter sur les stades. Je n’en pouvais plus. J’ai demandé un rendez-vous à Chirac. J’ai eu le coup de foudre. Dans la foulée, il m’a proposé d’intégrer le comité central de l’UDR. J’y suis entré en même temps que Line Renaud, une Chti elle aussi. »


« Je suis content d’être sorti de la politique. » Le respect de la fonction a disparu. Certains députés arborent une tenue décontractée. » Trop pour Guy Drut qui ne regrette pas les couloirs de l’Assemblée nationale ni la buvette de l’institution « là où se nouent mais surtout se dénouent les alliances. »


« En athlé, les obstacles sont fixes. » Quand on lui fait remarquer que la politique, c’est aussi une course d’obstacles qui s’apparente plus à un 3 000 m steeple qu’à un 110 m haies, le champion-ministre rectifie le propos. « En athlé, on sait où sont les obstacles (sous-entendu pas en politique). » Il y en a des plus gros que d’autres. « On peut chuter dans la rivière en steeple. On peut s’y noyer en politique. »



« Je ne suis pas favorable à la cérémonie d’ouverture des Jeux hors du stade. » Né à l’Olympisme avec le terrorisme, Guy Drut est sensible à la sécurité et au coût que la cérémonie d’ouverture sur la Seine va engendrer. « Et puis, il y a la symbolique du défilé, du dernier relayeur, de la vasque qui s’enflamme. La cérémonie sur la Seine, c’est un coup médiatique pour Paris et pour le gouvernement. »








Photos Y.LJD

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