
Une reconversion, cela se prépare. Jules Rambaut, médaillé d'argent olympique en basket 3 x 3, ne pense pas autrement. Quand il sera grand (!), il sera chef cuisinier.
COMBIEN de sportifs de haut niveau pensent à leur « après-carrière » alors qu’ils sont encore en pleine activité ? Combien d’entre eux se disent qu’ils embrasseront le métier d’entraîneur ou, si la chance et leurs relations leur adressent un clin d’œil, qu’ils deviendront consultants pour la télé ? Vous allez être déçus, je n’ai pas de réponse à vous apporter.
En revanche, je peux vous donner des exemples de sportifs en pleine force de l’âge qui savent déjà de quoi leur avenir sera fait, quand ils auront remisé leurs sacs de sport dans l’armoire aux souvenirs.
Un univers surchauffé, bouillant, épicé et impitoyable
Jules Rambaut a 26 ans. Il est basketteur professionnel et vient de remporter la médaille d’argent aux JO de Paris en basket 3 x 3. Aujourd’hui, il surfe sur son nuage olympique. Partout où il pose et déploie sa grande carcasse (2,02 m), il provoque un attroupement. Spectateur des Pétillantes du Champagne Basket (Nationale 1 féminine) à René-Tys ou des Châlonno-Rémois (Pro B) à l'Arena, Jules attire les fans de la grosse balle orange et leurs enfants à qui il ne sait pas (ne veut pas) refuser le selfie dont ils rêvent.

Au cours d’un petit déjeuner du réseau sport business d’Adjan, ce sont les responsables d’entreprises, voulant immortaliser cet instant, qui sont montés chacun à leur tour sur le podium où Jules venait de décortiquer son passé, d’explorer les grandes étapes du parcours qui l’a mené sur le podium de Paris 2024 et les contours de sa reconversion.
Dans les cuisines des 3 Brasseurs à Reims où l’on a organisé un shooting-photo, il s’est rapidement retrouvé au milieu des maîtres des lieux pour immortaliser sa venue.
Je ne vous l’avais pas précisé, eh oui, Jules Rambaut rêve d’un après-basket dans l’univers surchauffé, bouillant, épicé et impitoyable de la cuisine d’un restaurant ! Comment lui est venue cette étrange idée ?

« Je cuisine beaucoup pour moi »
Ses parents ne sont pas cuisiniers professionnels. Ce n’est donc pas de ce côté qu’il faut chercher les raisons de son appétit pour la préparation de ses futures (?) cartes de menus. « Mais ils aiment cuisiner. » « Quand j’étais plus jeune, je ne participais pas non plus à des « ateliers cuisine » tous les jours », précise encore Jules. Son amour des recettes gourmandes n’a pas mijoté dans des écoles ou des académies de cuisine prestigieuses. Alors ? « Dans la famille, nous sommes des épicuriens. Nous aimons bien manger. »
Comme dans sa discipline sportive adorée, l'entraînement, la répétition et l'art du détail sont des éléments quotidiens capitaux. « J’ai la chance d’être pro dans le basket, reconnaît-il. Cela laisse le temps de faire autre chose. » Comme préparer son menu par exemple. « Je cuisine beaucoup pour moi et ma copine ou quand nous avons des invités. »
« J'ai déjà acquis pas mal de compétences »

Ce faisceau d'indices légitime le choix de Jules. « Dans ma réflexion, je me suis vite rendu compte que rien d'autre (que le basket et la cuisine) ne m'intéressait vraiment. » Va pour la cuisine donc mais pas n'importe comment.
Quand il se met aux fourneaux, JR-le-futur chef recherche l'excellence, son excellence du moment. « J'ai déjà acquis pas mal de compétences et de fondamentaux. » Mais, il ne manque jamais l'occasion de progresser.
« En tant que sportif de haut niveau, je rencontre beaucoup de monde issu de nombreux milieux professionnels. J'échange avec eux. » Jules Rambaut ne pouvait donc pas fréquenter le restaurant du village olympique sans nouer contact avec son chef cuisinier Alexandre Mazzia (3 étoiles au guide Michelin, chef de l'année 2019)... un ancien basketteur (N1 à Salins) avec qui il partage désormais l'adage "Qu'importe la destination, le plus important c'est le voyage."
Et des voyages, Jules en a déjà effectués quelques-uns. Dans le basket traditionnel (5 x 5). avec les équipes de France des U15 aux U20 (Lettonie, Turquie, etc.), en club dans toute la France (avec le Champagne Châlons Reims Basket, Quimper, Boulazac), en basket 3 x 3 (nombreuses compétitions en Asie). Reste à savoir comment le chef médaillé (olympique) Jules restituera tous ses voyages, toutes ces saveurs, toutes ces fragrances dans ses futurs plats-signature...
Pour l'instant, il est « plutôt salé que sucré » mais, il aime « cuisiner un peu de tout, des plats italiens souvent. Je suis curieux de tout. » Hum, j'en ai déjà l'eau à la bouche !
« J'ai bossé comme un acharné »

Mais avant de s'asseoir à la table de Jules (le nom de son futur restaurant ?), il y a un énorme (double) pas à effectuer. Car, on l'a déjà dit, Jules est un sportif animé d'un fort esprit de compétition. « Je ne me suis jamais fixé d'objectif. Ni au basket, ni en cuisine » , dunke-t-il avec force.
Devenir chef étoilé ? « Je ne sais pas. Si une distinction arrive, cela sera avec le temps. Ce que je sais, c'est que je trouverai une place, ma place, dans une cuisine. » Un restaurant ? « Pas forcément, je veux pouvoir bouger - comme au basket -, découvrir des endroits, des nouvelles cultures. »
Le prix du rêve...
Cela ne lui fait pas peur. Il s'est imposé dans le basket à force de travail. « J'ai bossé comme un acharné. » Dans ses paroles, dans sa voix, on devine les heures passées sur le parquet (ou le Gerflor) mais aussi dans les salles de « muscu » à soulever de la fonte afin de se forger un corps capable de résister aux contraintes du 3 x 3. La récompense de la sueur, le prix du rêve.
En attendant de troquer la tenue du basketteur pour celle de chef, de passer du short au tablier-toque, Jules va enfiler celle (la tenue) de l'humilité. « Quand mon corps me dira d'arrêter, je me perfectionnerai, j'apprendrai de nouvelles techniques. Je serai prêt à recommencer une carrière... tout en bas de l'échelle, à refaire mes armes. » La vie est une éternelle remise en question.
Ô Toulouse...
La vie en rose de Jules et du 3 x 3 tricolore va se poursuivre sous le maillot de la ville... rose. La Fédération française de basket ayant jeté l'éponge - on ne poursuit pas une aventure qui gagne (!) - Jules Rambaut et ses coéquipiers ont cherché une nouvelle opportunité d'exposer et d'exporter leurs talents.

Franck Séguela (l'un de ses coéquipiers argentés), très investi dans cette recherche d'une structure, a fini par décrocher la lune. C'est donc dans la ville de l'aérospatiale, à Toulouse que l'ex-groupe France va désormais se préparer pour les futures échéances internationales. Afin de compenser une baisse de son budget, le roster toulousain s'est lancé dans une nouvelle aventure : la pêche aux partenaires.
Cela aurait pu être le tennis !
Chez les Rambaut, le tennis est une religion. Dans la famille, tout le monde a suivi l'exemple du grand-père de Jules. « Il a 83 ans et joue toujours en compétition. » Comme un certain Luka Karabatic, Jules Rambaut a donc commencé sa carrière sportive une raquette à la main. « A 13 ans, j'étais classé 15/4 et j'étais au pôle tennis au Creps de Reims. »

Mais la découverte du basket, quelques années plus tôt à l'école, avait laissé des traces. Sa taille et sa mémoire ont fait le reste et quand un préparateur physique du Creps de Reims lui a proposé de suivre une séance du pôle basket, il n'a pas hésité « mais j'ai continué le tennis jusqu'à la fin de la saison. »
Du parquet à la cuisine
La suite est facile à écrire : deux saisons au pôle basket, trois à l'Insep, les sélections nationales jeunes (champion d'Europe U16 et U18), le centre de formation du CCRB, un contrat pro, un prêt à Bordeaux, puis des signatures à Quimper, à Boulazac et enfin le 3 x 3, entrevu lors de ses années-Creps et la médaille d'argent olympique à Paris 2024. La belle histoire des parquets est en cours d'écriture. Celle des cuisines occupe encore les rêves de Jules...
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